Le Var doit-il rester le Var ?

Une question "existentielle" ?

Un peu d'histoire pour commencer !

La Révolution française de 1789 apporte son lot de changement et d'innovation parmi lesquels on peut citer le calendrier révolutionnaire, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, un système de mesure unifié ou encore une nouvelle division organisée du territoire.

C'est l'abbé Emmanuel Sieyès, originaire de Fréjus, qui, dès le 7 septembre 1789, prononce un discours sur la réorganisation du pays en proposant une modification administrative de la France avec une division en départements. La tâche est confiée à Jean-Guillaume Thouret qui présente le 29 septembre un projet prévoyant le partage du pays en départements, chacun ayant la forme d'un carré de 18 lieues - environ 80 kilomètres- de côté. 📐
Pourquoi 18 lieues de côté ? Tout simplement pour être assuré de pouvoir rallier le chef-lieu du département en une journée de cheval.

Chassis figuratif du premier projet de Thouret (1789)
Chassis figuratif du premier projet de Thouret (1789)
Le royaume de France en 1790
Le royaume de France en 1790

Après une première ébauche très géométrique, mais tout à fait théorique qui tranchait les territoires dans le vif 🔪 (ça aussi ça deviendra une petite spécialité de la Révolution française 😇), Thouret propose une carte cette fois définitive qui donne les frontières de 83 départements. Le notre porte alors le numéro 78, tandis que c'est l'Yonne qui hérite du numéro 83 grâce au jeu du classement alphabétique.
Les frontières du département se cantonnent à la Méditerranée au Sud, le Verdon au Nord, une frontière "fictive à l'Ouest avec les Bouches-du-Rhône et donc à l'Est, le fleuve Var. C'est ce fleuve qui va donner son nom au département.

Et Patatra, le Var n'est plus là !

De 1793 à 1814, un éphémère département des Alpes-Maritimes côtoie celui du Var. Il prend son origine sur la rive ouest du Var et file jusqu'à San Remo. En 1859, Cavour négocie avec Napoléon III pour que ce dernier soutienne le Royaume de Sardaigne dans son entreprise d'unification de l'Italie. En échange, l'Empire français doit recevoir le comté de Nice et et la Savoie. En 1860, la Savoie et le Comté de Nice entrent dans le giron français.
Le "nouveau" département des Alpes-Maritimes, qui démarre cette fois du Comté de Nice, déplace ses frontières vers l'Ouest et englobe l'arrondissement de Grasse et avec lui, le fleuve Var. La nouvelle frontière se situe désormais au niveau du fleuve La Siagne.

Et c'est là une exception, le département porte désormais le nom d'un élément géographique qui ne se trouve plus sur son territoire.

Le département des Îles d'Or

Puisque le Var n'y est plus, pourquoi ne pas dès lors changer le nom du département.
La question se pose plusieurs fois. On retrouve par exemple dans les inventaires des Archives nationales la proposition d'un dénommé Maurice KUHN en faveur du département des Côtes-du-Sud....surement en miroir aux Côtes-du-Nord...enfin, les Côtes-d'Armor. Oui par ce que ce département a changé de nom en 1990.
Interro surprise ! 🥸 Le numéro des Côtes-d'Armor ?🥵 Le numéro 22, bravo ! 😉

Dans les registres du Conseil municipal de La Seyne-sur-Mer, on retrouve trace d'une autre proposition de changement de nom. Le 27 janvier 1947, le Conseil général du Var émet en séance le vœu que soit consultées les communes du département sur l'opportunité d'en changer le nom au profit de l'appélation Département des Îles-d'Or. En 1948, le Préfet transmet cette requête aux villes varoises.

Registre des délibérations (1948) _ 1D52
Registre des délibérations (1948) _ 1D52

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la réponse de l'assemblée seynoise est...cinglante ! Jugez par vous-même...🧐

Registre des délibérations (1948) _ 1D52
Registre des délibérations (1948) _ 1D52