Le premier monument aux morts (1924-1943)
Inauguré le 11 novembre 1924, le premier monument aux morts de La Seyne s'inscrit dans la dynamique d'érection d'édifices semblables après la Première Guerre mondiale.
Si les premiers monuments aux morts apparaissent en France dès la fin du XVIIIe siècle, ils ne commencent à se multiplier qu'après la guerre avec la Prusse en 1870. À l'issue du premier conflit mondial, leur nombre explose, car ils sont tout à la fois la traduction d'un patriotisme exacerbé, d'une reconnaissance commune au sacrifice des enfants du pays et l'expression d'un souvenir.
Le monument de La Seyne ne déroge pas à cette règle et comme de nombreux monuments des alentours, il est érigé dans les années 20. Mais son édification ne se passe pas sans quelques tensions.
Dès 1919, il semble qu'un Comité du Monument des Seynois morts et victimes de la guerre se constitue avec à sa tête un dénommé Rimbaud, directeur des Forges et Chantiers de l'époque. Rapidement, la Ville vote des subventions pour un projet qui compte 2 monuments, l'un à la Seyne et l'autre à la section de Saint-Mandirier.
Dès le mois de décembre 1920, la Ville profite d'une circulaire du Ministre de l'Intérieur qui précise les modalités de subventions pour la construction d'un monument aux Morts. Pour estimer ses droits, la Ville fait procéder à un décompte de la population qui est le suivant :
- La Seyne : 20 598 habitants
- Section de Saint-Mandrier : 1 495 habitants
Total des habitants : 22 093
À la Seyne on décompte alors 342 morts pour la France et dans la section de Saint-Mandrier, on en compte 29, soit un total de 371 morts pour la France pour la totalité de la commune.
Dans sa séance du 22 avril 1921, le Conseil municipal est informé que le Comité lui demande de bien vouloir transmettre au Préfet une demande d'autorisation pour disposer d'un emplacement domanial sur le quai Hoche pour le momument Seynois. Les élus s'émeuvent que le Comité puisse choisir de son propre chef un emplacement alors que cette question aurait dû être discutée par l'Assemblée. Ils considèrent également que le choix de l'emplacement aurait dû être choisi avec les familles concernées.
Le service maritime des Ponts et Chaussées vient doucher les espoirs du Comité car il considère que le choix du quai Hoche n'est pas acceptable. En effet, dans la section envisagée, la disponibilité complète du quai Hoche est indispensable dans sa totalité pour le dépôt et la manipulation des marchandises, sans compter la circulation des engins et appareils de levage flottants qui seraient gênés, mais surtout qui risqueraient de dégrader le monument lors de manipulations de pièces encombrantes.
Les services de la Préfecture demandent à la Ville, et non pas au Comité, de trouver un nouvel emplacement sur une place publique au sein de l'agglomération, ou à défaut, sur un terrain des Forges et Chantiers, à droite de la passe.
La Ville envisage donc 4 lieux dans l'agglomération pour accueillir le monument aux morts :
- La place Martel-Esprit
- La place du rond-point de l'avenue des Sablettes
- La place Noël Verlaque
- La place située à l'entrée du cimetière.
Pour recueillir l'avis des familles, elle leur adresse un courrier leur proposant de choisir un emplacement, ce qui déplait fortement au Comité qui se voit écarté du choix et de la mission dont il est investi. C'est d'abord le choix de la place Martel-Esprit qui semble recueillir la majorité des suffrages.
Au regard du conflit malvenu qui oppose la Municipalité et le Comité, le Préfet joue les médiateurs et réunit l'ensemble des parties le 31 décembre 1921. Il ressort de cette réunion la nécessité de faire un second référendum. L'emplacement du môle dit "de la Caisse", qui cette fois fait partie des propositions, recueille alors le plus de suffrages. La Ville l'adopte définitivement et pour faire ériger le monument, décide de déplacer les toilettes publiques situées à cet emplacement et de faire procéder à des travaux d'embellissement.
Inauguré le 11 novembre 1924, le monument est démoli en 1943 par les troupes allemandes, très certainement pour disposer à proximité une batterie anti-aérienne ou tout autre équipement miliaire.
Sa reconstruction, qui n'interviendra pas avant 1960...fera l'objet d'un autre focus.
Quant au dossier technique de ce premier monument, on n'en retrouve aucune trace aux Archives municipales, ce qui semble assez logique dans la mesure où ce projet a été porté par un Comité indépendant. Il serait intéressant de retrouver aujourd'hui les descendants de monsieur Rimbaud pour essayer de redécouvrir les archives du Comité. Avis aux enquêteurs...🧐