Janvier...ou le temps des étrennes !

 

Ah....janvier ! Tout juste le temps de digérer les repas de fêtes et d'éponger le reste qu'il est déjà venu le moment des étrennes. 😱
Et vous voilà, à chercher frénétiquement dans le fond de vos poches un petit sou égaré, dans le revers de votre veste un billet froissé ou sous une latte du plancher un lingot tout rondelet !

Cette tradition des étrennes au début du mois de janvier (le 1er normalement) n'est pas très ancienne. Quelque chose comme 2770 ans et des oboles 😜. Et c'est au célèbre Titus Tatius qu'on la doit. Un temps co-roi des Romains, l'autre co-roi étant un méconnu Romulus 🤔, il aurait instauré la tradition de s'offrir...des branches d'arbres à chaque renouvellement d'année. Y a pas à dire, on savait faire plaisir chez les Sabins !

Rapidement, la tradition évolue et aux branches d'arbres données en étrennes, se substituent les douceurs comme le miel, les dattes, puis les sucreries et rapidement...l'argent.

En 2770 ans, forcément, la pratique des étrennes évolue, subissant dans nos sociétés chrétiennes le courroux de l'Église puis la concurrence de Noël où l'on s'offre déjà cadeaux et vœux... 

Mais elle ne disparaît pas tout à fait et localement, on rencontre encore des personnages hauts en couleur (et ancêtres du 🎅🏼) qui distribuent cadeaux ou monnaie. C'est le cas par exemple de Père Janvier qui apporte des sucreries et surtout des petits sous le premier jour de janvier.

Aujourd'hui, la tradition des étrennes de janvier perdure chez les particuliers (avec des Père et Mère Janvier), mais reste surtout ancrée dans l'idée collective grâce aux étrennes données aux postiers ou aux pompiers et leurs insupportables chatons bien trop mignons. 🌈🐱☄️💥

À défaut d'étrennes, nous conservons aux Archives municipales de l'argent...ou ce qui s'en rapproche parfois le plus ! Voyez plutôt....

De l'argent sonnant et trébuchant chez l'OMCA

Dans le fonds de l'OMCA, l'Office municipal de la Culture et des Arts, nous conservons des programmes, des catalogues des expositions, de la correspondance avec les artistes et.....la compta.
Et dans cette comptabilité, on retrouve un vieux fond de régie avec 3 choses : une pièce de 10 francs, un billet de 200 francs et un chéquier tout neuf !

Billet de 200 francs et pièce de 10 francs (217W52)
Billet de 200 francs et pièce de 10 francs (217W52)
Billet de 200 francs et pièce de 10 francs (217W52)
Billet de 200 francs et pièce de 10 francs (217W52)

La pièce de 10 francs est de type Génie de la Bastille. Celle-ci date de 1991, mais le modèle a été lancé en 1988 pour remplacer le précédent modèle trop contrefait et trop lourd.
Sur l'avers est représenté Le Génie de la Liberté, une sculpture d'Auguste Dumont qui orne le sommet de la colonne de Juillet sur la place de la Bastille à Paris, encadré par les deux lettres R.F.
Sur le revers, on trouve la valeur (10 francs), le millésime (1991) et en légende la devise "Liberté, Égalité, Fraternité"

Le billet de 200 francs et un billet type Montesquieu qui a circulé de 1982 à 1996. C'est le premier billet de 200 francs émis depuis 1864.
Au recto, à droite, à côté des armoiries des Secondat de La Brède (la famille dont est issu le philosophe), on trouve un buste de Montesquieu. À gauche on trouve une figure allégorique tenir un blason mentionnant L'Esprit des lois, référence à l'ouvrage majeur du philosophe des Lumières.
Au verso, à gauche le même buste du philosophe et sur le bord, la statue en pied de Sylla renvoyant au « Dialogue entre Sylla et Eucrate » qui est un extrait des Lettres persanes. En bas, à droite, le château de La Brède où est né Montesquieu.

Quant au filigrane dans l'ovale blanc, il reprend le portrait de Montesquieu

Le chéquier enfin, est tout ce qui est de plus classique, sa forme n'ayant pas fondamentalement changé au cours des dernières décennies. On remarquera toutefois la date pré-renseignée qui commence par 19-

De la monnaie de nécessité dans le fonds DuBousquet

Dans le fonds DuBousquet (série 3S), on retrouve de nombreux documents liés aux deux conflits mondiaux, dont ce bon de 5 centimes.
Il est ce que l'on appelle une monnaie de nécessité. C'est un moyen de paiement parallèle à la monnaie officielle, mais légale. En France, elle apparaît au moment de la Première Guerre mondiale et permet de remplacer le manque de numéraire. Durant cette période on a pu voir des chambres de commerce, des villes, mais également des bars et des restaurants émettre des jetons-monnaies ayant la mention "bon pour".

Bon de 5 centimes_recto (3S908)
Bon de 5 centimes_recto (3S908)
Bon de 5 centimes_verso (3S908)
Bon de 5 centimes_verso (3S908)

C'est le cas ici pour ce bon de 5 centimes valable uniquement dans les dépôts et détachements de Prisonniers de Guerre. Plus précisément, il concerne le détachement de prisonniers de guerre de la Seyne-sur-Mer qui fournit à ses « pensionnaires » allemands cette petite monnaie locale en papier pour répondre à leurs besoins.

Une monnaie de Révolution...catastrophique.

Dans divers papiers de la série moderne, nous avons retrouvé tout à fait par hasard des assignats.
L'assignat est une monnaie fiduciaire émise sous la Révolution française. Et autant le dire tout de suite, c'est l'exemple type de tout ce qu'il ne faut pas faire en matière d'argent !

À l’origine, il s’agit d’un titre d’emprunt émis par le Trésor en 1789, et dont la valeur est gagée sur les biens nationaux par assignation.
En effet, les caisses sont vides en 1789 et la banqueroute presque inévitable. Mais le député Talleyrand à l'idée de confisquer les biens du clergé pour remédier à la situation. Le 2 novembre 1789, les biens du clergé sont mis à disposition de la nation et vendus aux enchères.
Mais vendre prend du temps, alors on édite des assignats qui représentent la valeur de ces biens par fraction : la valeur d’un bien est divisée en assignats, comme l’on ferait d’une société par actions. Toute personne qui désire acheter des parts dans les biens nationaux doit le faire via des assignats. Une fois la vente d’un bien effective, le produit de la vente est inscrit au registre civil et, de retour dans les mains de l’État contre remboursement, les assignats doivent être détruits.

Vous avez tout suivi jusque là ? Tant mieux parce que ça c'était le plan d'origine... C'est ensuite que tout est très vite parti en cacahuète ! 😅

Les espèces venant à manquer dans la société, l'État autorise l’émission de monnaies et billets de confiance et la demande d'assignats explose. Ils sont transformés en papier-monnaie, ils se multiplient dans les échanges. Quant à l'État, au lieu de détruire les assignats qu'il récupère, il les remet en circulation, pire, il en édite de nouveau.

Forcément, c'est la cata ! La valeur des assignats s'effondre, l'inflation augmente considérablement. On estime que la valeur totale des assignats émise a été de 45 milliards en 1796...alors qu'elle n'aurait jamais dû dépasser les 3 milliards, valeur des biens du clergé à l'origine de l’émission des assignats. 😣

Assignat de dix livres (1S27)
Assignat de dix livres (1S27)
Assignats de quinze sols (1S27)
Assignats de quinze sols (1S27)

Le cours légal des assignats est supprimé par la loi du 2 prairial an V (21 mai 1797) Si sur le plan financier, sa création a empêché la mise en faillite de l’État français, contribué à la réduction de la dette et permis de trouver l’argent nécessaire au financement de la guerre dans les heures difficiles de l’an II, on peut considérer que cela reste un échec économique et ce système créé par la Révolution française n'a fait qu'aggraver la crise financière par laquelle elle est née.

Le premier assignat que nous conservons est un assignat de 10 livres édité en l'an I de la République.
Le second assignat est une série de 2 assignats de quinze Sols de l'an 2ème de la République.

On notera sur ces assignats la mention « La loi punit de mort le contrefacteur / La Nation récompense le dénonciateur »

18 roubles, ça vaut quelques kopecks !

Enfin, une autre originalité de nos fonds. Nous avons retrouvé dans un fonds isolé, ces billets...de roubles impériaux.

La monnaie russe tire son nom du verbe « roubit »dont la signification est « fendre » ou « hacher » probablement en rapport avec l’outil servant à couper les lingots d’argent destinés aux échanges durant la période de l’Empire russe.

Il s'agit ici de rouble-papier dont les origines viennent de roubles d'assignations qui apparaissent dès 1769. Mais le fonctionnement et les conséquences ne sont pas les mêmes que pour le désastreux système français et le rouble-papier prend la place du rouble d'assignation en 1843.
Ces billets pouvaient être échangés contre des pièces d'or de même valeur auprès de la banque d'État.

Billet de 10 roubles impérieux_recto (1S26)
Billet de 10 roubles impérieux_recto (1S26)
Billet de 10 roubles impérieux_verso (1S26)
Billet de 10 roubles impérieux_verso (1S26)
Billet de 5 roubles impérieux_recto (1S26)
Billet de 5 roubles impérieux_recto (1S26)
Billet de  5roubles impérieux_verso (1S26)
Billet de 5roubles impérieux_verso (1S26)
Billet de 3 roubles impérieux_recto (1S26)
Billet de 3 roubles impérieux_recto (1S26)
Billet de 3 roubles impérieux_verso (1S26)
Billet de 3 roubles impérieux_verso (1S26)

Nous avons là un billet de 3 roubles de 1905, un billet de 5 roubles de 1909 et un billet de 10 roubles de 1909 également

Allez savoir maintenant quels nouveaux trésors (des vrais cette fois) se cachent dans les collections des Archives...

Une seule façon de le savoir : continuer à suivre assidûment nos focus 😉